Ginza
Aujourd’hui j’avais rendez-vous avec Yokoi à Ginza
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Ne connaissant pas le quartier, je décide d’arriver avec 30 minutes d’avance afin d’avoir le temps de trouver le point de rendez-vous. Ginza, est l’un des plus grands quartier commercial de Tokyo, toutes les plus grandes sociétés ont leur building ici (juste un magasin c’est surfait). Mais avant d’avoir la possibilité d’admirer le quartier il faut pouvoir s’orienter dans la station de métro. Je n’ai pas compté, mais il doit y avoir plus qu’une vingtaine de sorties différentes, un vrai labyrinthe – c’est bas de plafond en plus, obligé de se courber dès fois. Dehors, il pleut, et tout les japonais – sauf très rares exceptions – ont sorti leur parapluies.
J’arrive à trouver le point de rendez-vous, c’est juste en face de la bouche de métro – facile le labyrinthe. L’immeuble appartient à Nissan et fait face au croisement principal de Ginza. Aujourd’hui, une des rues principales est piétonne.
Il est 15h00 et Yokoi est ponctuelle, pas de doute c’est une japonaise. Elle me remercie d’être arrivé à l’heure et m’emmène à travers des petites ruelles. On arrive en face d’un établissement dédié au thé. Elle me l’avait promis la dernière fois. Le rez de chaussé est composé d’un bar où l’on peut déguster et acheter du thé, Yokoi me demande de l’attendre à l’entrée. Elle prend 2 bons et m’invite à la rejoindre.
L’établissement comporte deux salles où est pratiqué la cérémonie du thé « Chanoyu« . La salle au deuxième étage est plus relaxant me dit-elle, c’est là que l’on se rend. La pièce ne peut accueillir qu’une dizaine de personne. La décoration est sobre alliant modernité et tradition. On entre. Il ne reste que 4 places, dont 2 juste à côté de l’espace réservé au « sensei » (professeur) pour la préparation du thé. On est accueilli avec 2 petites coupelles d’eau pour nous rincer la bouche. La cérémonie se déroule en deux parties. Pour la première partie, le sensei nous prépare le « koicha« , un thé fort. C’est un thé très épais et en très petite quantité. Au fur et à mesure qu’on le boit, il faut tourner le bol « chawan » afin que le dépôt reste sur les parois. On nous sert ensuite une sucrerie pour contraster avec le goût plutôt fort et amer du thé. C’est un petit rectangle transparent avec en son centre une fine écorce d’orange.
Yokoi demande alors au sensei s’il elle est d’accord de nous préparer la seconde partie de la cérémonie devant nous. En effet, celle-ci dispose d’un petit recoin afin de préparer le thé sans avoir à le faire en respectant les gestes du « sadô » (doctrine de la cérémonie du thé). Elle nous prépare alors, un usucha (un thé léger). Pour le préparer, elle se sert d’une louche en bois « hishaku » pour transférer l’eau dans un bol et ensuite fouette délicatement le thé avec un fouet « chase » fait d’une seule pièce de bambou. Elle me remet le bol et Yokoi m’apprend à le tourner suivant le sadô (à l’origine pour ne pas poser ses lèvres sur la peinture le décorant – question de respect). Ayant une place prisée, Yokoi m’invite à partir et à continuer notre visite. On redescend. On nous offre une tasse de thé et elle en profite pour s’en’acheter un sachet.
Yokoi m’apprends qu’elle attend 2 personnes plus tard et on se rend au restaurant où elle a rendez-vous pour réserver une place et passer une commande spéciale, c’est un lieu assez prisé m’indique-t-elle.
Une fois sorti, on se dirige vers la bouche de métro la plus proche. On prend le métro dans la mauvaise direction et Yokoi s’indigne que le contrôleur n’ait pas pu lui dire exactement si on était arrivé à la bonne destination ou non. Nous voilà reparti dans la bonne direction, à une station de métro de Ginza : Higashi-ginza. Dehors c’est la guerre… des parapluies. Imaginez une foule de japonais, tous armés de parapluies : il faut lutter pour la survie de ses yeux. Une baleine est si vite arrivée…
La station débouche directement devant l’entrée du Kabuki-za. On entre pour faire la queue qui s’étale sur 2 étages. La pièce commence bientôt et pour l’occasion de la golden week nous avons le droit à deux pièces pour le prix d’une. Le Kabuki c’est le théâtre japonais traditionnel dont les gestes des acteurs sont codifiés. On attend quelques minutes et la file d’attente disparaît rapidement – efficacité japonaise. On se dépêche d’aller prendre nos places.
On trouve deux places juste au milieu – impeccable. Nous sommes tout au fond, ce sont les places les moins chères, le prix de celles les plus devant avoisine les 150€/pièce. Une employée répète les consignes placardées un peu partout : pas de téléphone portable et pas de photos. Si quelqu’un est surpris à en prendre une, son matériel est saisi – ça ne plaisante pas. Le kabuki est une affaire d’homme, en effet, mêmes les rôles féminins sont joués par des hommes, et il semble que ceux-ci soient les plus populaires. De plus, les horaires sont assez surprenants car la dernière représentation se finit à 20h30.
Le rideau respectant les couleurs traditionnel se lève, la pièce commence. Elle est intitulée « Koi Minato Hakata No Hitofushi » l’action se passe sur un bateau. Le thème est sur une histoire d’amour et de la rivalité entre 2 hommes. Les décors sont superbes et les effets impressionnants. Les mouvements des acteurs extrêmement fluides sont accompagnés des musiciens dissimulés de chaque côté de la scène. Aucun micro, rien de superflu.
Cinq minutes de pause et l’autre pièce commence. Le temps pour les acteurs de changer de costume et que les décors soient changés. Le rideau s’ouvre à nouveau. Je ne reconnais plus la scène, tout à changé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, c’est un superbe travail de coordination que les techniciens viennent de fournir. L’action prend place en pleine période Edo, la pièce « Kanda Bayashi » peut commencer. On assiste par deux fois à 2 changements de décor grâce à d’astucieux stratagèmes : la partie centrale de la scène peut tourner sur elle même et les décors sont conçus comme des livres, il suffit de « tourner la page » pour en changer l’apparence. Je suis totalement immergé dans la pièce et on se croirait revenu au temps des samurais. Yokoi me signale que nous allons manque le rendez-vous et on quitte le théâtre en direction du restaurant.
On prend place. La vue nous offre un panorama sur Ginza. On me sert mon repas et Yokoi part à la rencontre de ses invités. Mon repas est composé : (de droite à gauche)
- d’un appétitif : saké parfumé à la cerise et du tofu
- d’une tasse de thé (gratuit et à volonté)
- d’un bol avec des morceaux d’omelette, un champignon, une crevette, du wakame (algue), et d’haricots japonais (je ne me souviens plus du nom)
- d’un bol de riz spécial (je n’en sais pas plus, juste qu’il faut le commander à l’avance)
- d’une tasse de soupe
- d’un dessert avec des morceaux de fruits sur leur lit de gélatine.
Yokoi revient accompagnée d’un jeune couple de japonais. On se salue, et ils s’installent à une autre table, me laissant tranquile pour finir mon repas tout en m’invitant à les rejoindre quand je le souhaite.
Une fois mon repas avalé, je les rejoins. Yokoi m’explique que ce sont d’anciens étudiants qu’elle a hébergé chez elle à Kyoto. Ils vont se marier et veulent la remercier de les avoir présenté. Je les félicite. On tente un léger dialogue (ils ne parlent que japonais) et Yokoi m’indique que maintenant son temps leur est dédié. On se quitte tout en prenant rendez-vous pour une autre fois : le 6 juin.
7 commentaires »
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Demain tu vas moi rigoler ^^. Début du stage. Bon courage d’ailleurs, j’espere que tu vas continuer à nous compter tes histoires père Castor…:-p.
« On tente un léger dialogue en japonais » : Le Pokémon deviendrait-il plus modeste ou avais-tu oublié ton Berlitz ?
Toujours conclure lors du troisième rendez vous ! Comme le dis « Barney » le chiffre 3, toujours le chiffre 3… true story !
@Fabien – T’inquiètes, je fais un post ce soir.
@Les Vieux – chuis pas resté longtemps aussi, mais bon comme ils ne parlaient pas un pet d’anglais, c’était un poil chaud.
@angelo – ahah, LEGEND…wait for it ! ARY !
Salut Jerem!!!
Sincèrement, c’est génial comment tu racontes! Tu me fais voyager..j’ai hate de savoir la suite de tes aventures! Biz
@Emilie – Merci Emilie 🙂
C’est clair père castor raconte bien ! 😉
Naked man !